L’ONI à nouveau dans la tourmente
La direction de l’Ordre fait face à une nouvelle sédition. Quatre conseillers nationaux ont démissionné, dénonçant les pratiques des dirigeants et l’indigence du travail de l’instance. Et ce, alors qu'une proposition de loi tendant à rendre l'adhésion facultative vient d'être déposée.
« À peu de choses près, vous n’informez sur rien, vous ne réalisez rien, vous ne diffusez rien, vous n’améliorez rien, vous ne consultez sur rien. » Forts de ce constat, quatre conseillers nationaux du collège libéral de l'Ordre infirmier ont démissionné de leur fonction, à la veille du conseil national qui se réunissait mardi 25 septembre, à Paris. Joint par téléphone, Jean-François Bouscarain confirme que ses trois collègues et lui-même ne veulent plus apporter leur caution à la mascarade, selon eux, qu’est devenu l’Ordre infirmier, « qui ridiculise la profession ». Les dernières relances, accompagnées de menaces de déconventionnement, de libérales qui n’ont pas encore cotisées sont, pour eux, la goutte qui a fait déborder le vase.
« Beaucoup d’inepties »
Dans leur courrier, les démissionnaires dénoncent également l’omerta qui règne sur les prises de décisions et pointent la façon dont Didier Borniche dirige l’instance depuis qu’il en a pris les commandes : « Cette présidence se caractérise par son opacité constante, la minceur extrême de sa production et son échec global. »
Karim Mameri, secrétaire général de l’ONI, minimise ces désaffections. « C’est la liberté de chaque élu de démissionner. Je constate que la plupart sont membres de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), ils étaient sans doute en porte-à-faux avec leur syndicat depuis la démission de Philippe Tisserand [ndlr : le président de la FNI] du conseil national, il y a un an. Il est dommage qu’ils confondent mandat syndical et mandat ordinal. Concernant les attaques, j’aurais tendance à dire qu’il y a beaucoup d’inepties. » Pour Karim Mameri, en assurant une large diffusion de leur lettre de démission, les ex-conseillers nationaux ont voulu faire « le buzz ». Dans un communiqué de presse publié en fin de matinée, Didier Borniche déplore également « la démission médiatisée de quatre conseillers nationaux ordinaux et les postures syndicales peu constructives pour la profession ».
« Mainmise »
« Tel qu’il existe, l’Ordre ne pourra jamais fédérer la profession ni la faire grandir », déclare de son côté Thierry Munini, l'un des quatre démissionnaires. « Je faisais partie de la commission des comptes, poursuit-il. Or, je n’ai jamais vu les documents qui encadrent le redressement de l’Ordre. Par ailleurs, nous n’avons aucune vue sur les budgets et nous ne débattons sur rien. Il faut arrêter de nous prendre pour des idiots ! »
De son côté, Hugues Dechilly, secrétaire général de Résilience, boit du petit-lait. « Les propos très durs et les constats qui sont portés par les conseillers nationaux démissionnaires confirment ce que nous ne cessons de dénoncer, à savoir que l’Ordre passe son temps à faire le contraire de ce qu’il recommande et fonctionne dans l’opacité la plus totale, en se contentant d’encaisser les chèques des infirmières pour le compte de ses créanciers, à qui il doit quelque 13 millions d’euros. L’Ordre est dirigé par les banques. Pour preuve, si nécessaire, le dernier conseil national de l’Ordre en septembre s’est tenu dans des locaux de la Banque populaire, à Paris. La mainmise est totale », a-t-il affirmé.
Fort logiquement, les démissionnaires appellent officiellement les infirmières libérales à ne plus cotiser à l’Ordre. Un souhait qui pourrait rapidement trouver un écho législatif, puisque la proposition de loi du député PS de Paris, Jean-Marie Le Guen, visant à rendre facultative l’inscription aux ordres paramédicaux a été enregistrée hier, mercredi 26 septembre, par le bureau de l’Assemblée nationale.
Françoise Vlaemÿnck
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