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Sophia : quand l’assurance maladie s’accapare les diabétiques

Formel : Sophia est un mécanisme peu performant, qui permet au directeur de la Cnam de surveiller le travail des médecins généralistes, et faire du soin, sans les soignants, donc à faible coût.

 

“L’assurance malade est complètement illégitime pour conduire Sophia” insiste-t-il. “L’argent qu’elle met pour financer ses plates-formes téléphoniques est trop élevé comparativement à celui dédié aux médecins traitants”. Un point que l’Igas a évidemment relevé dans ses critiques.  

 

Ainsi, en 2009, 137 000 personnes étaient suivies dans le dispositif déployé sur 19 départements français pour un coût unitaire de 396 euros.  Ce coût  a été abaissé à 115 euros en 2011. L’objectif est de le ramener à 70 euros par assuré inclus dans le dispositif, avec la généralisation envisagée en 2013. L’Igas tique car selon ses évaluations,  Sophia se traduit par une dépense supplémentaire (soins de ville, dépenses ou économies hospitalières, coût du programme) comprise entre 26 et 106 euros par patient. Pour un bénéfice sanitaire… qui reste à démontrer. Autre critique.

 

Dupe

“Les résultats du programme sur les indicateurs cliniques et paracliniques de santé des adhérents sont peu probants, note l’Igas. L’écart, observé entre les patients adhérents et la population témoin bien que significatif au plan statistique, reste cliniquement modeste”. Un bon point toutefois : les dépenses hospitalières des diabétiques inclus dans la file évoluent moins rapidement que celles de la population témoin, ce qui conduit à une économie de 44 à 137 euros par personne et par an”.

 

Une piètre performance qui énerve le Dr Olivier-Koehret. “Personne n’est dupe ! L’assurance maladie veut étendre le système aux patients cardiaques, asthmatiques ou atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Ils veulent soigner sans les médecins, c’est du soin sans soignants. Je réaffirme que la Cnam sort du champ de sa légitimité. Il faut que la caisse nationale fasse confiance aux professions de santé” ! Un peu à l’image du Dr Olivier-Koehret, les médecins râlent. Un peu plus de la moitié (52 %) sont satisfaits de leur inclusion dans le programme, mais 46 % seulement apprécient ses modalités pratiques, basées sur le remplissage de questionnaires médicaux. D’ailleurs, leur taux de retour à l’assurance maladie n’est que de 30 %. Il faut dire que Sophia, pourtant négociée avec les syndicats médicaux, est encore mal connue puisqu’un médecin sur deux, note l’Igas, ignore qu’une rémunération spécifique est attachée au retour de ce questionnaire.

 

Partie prenante

Le discours sans nuances de l’ancien président de MG France, fait un peu sourire Gérard Raymond, le président de l’Association française des diabétiques (AFD). Il participé à l’élaboration de Sophia, avec l’assurance maladie et un comité scientifique composé de nombreux médecins, fait-il remarquer. Les critiques de Martial Olivier Koehret, il les balaie du revers de la main, en insistant sur le fait que Sophia ne se situe pas dans une stratégie du  tout médicamenteux. “L’assurance maladie est tout à fait dans son rôle en faisant de la prévention, ce qui ne sera jamais fait par un médecin de ville. Il s’agit d’une prise en charge globale, de la personne, dans son hygiène de vie, son traitement, pour qu’elle devienne acteur de sa propre santé explique-t-il. Les malades sont heureux de parler et d’avoir de l’accueil et une écoute lorsqu’ils se sentent mal” insiste-t-il. Onéreuse, Sophia ? “Allez un peu voir les évaluations économiques des réseaux de santé. Vous pourrez ajouter facilement un zéro, au coût de la prise en charge par patient”.

Donc, l’AFD défend Sophia. Au point de revendiquer un rôle plus important, à l’occasion de sa généralisation en 2013. “Nous pourrions tout à fait remplacer les infirmières sur les plates-formes téléphoniques, nous avons des patients experts formés…” signale Gérard Raymond, en précisant bien que cette tâche mérite salaires et subventions. “Nous sommes partie prenante. Avec l’assurance maladie, on peut construire encore mieux ensemble” fait-il clairement comprendre. L’idéal étant évidemment, que le suivi de patients atteint de diabète continu à rester une affaire de médecins.



02/08/2012
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