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La place des infirmières dans l’Organisation mondiale de la santé : Trois petits tours et puis s'en vont…

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est responsable de l'action du système des Nations Unies dans le domaine sanitaire. Elle est « chargée de diriger l’action sanitaire mondiale, de définir les programmes de recherche en santé, de fixer des normes et des critères, de présenter des options politiques fondées sur des données probantes, de fournir un soutien technique aux pays et de suivre et d’apprécier les tendances en matière de santé1 ». L’un des aspects essentiels de son mandat est la conduite d’initiatives axées sur les ressources humaines. À ce titre, l’OMS aide les États à instaurer des mécanismes de planification, de déploiement et d’évaluation de leurs services infirmiers, compte tenu du fait que le personnel infirmier et obstétrique représente la plus importante catégorie de prestataires de santé dans tous les pays. L’OMS est chargée de guider l’action au niveau national et international. Pour être efficace, l’OMS doit pouvoir compter sur un niveau adéquat de ressources infirmières et obstétriques intégrées – au niveau de ses représentations nationales et régionales, de même qu’au sein de son siège principal.

Faits et chiffres

• · Peu de pays sont représentés par du personnel infirmier et obstétrique professionnel et politique dans les bureaux nationaux de l’OMS.
• · Le dernier rapport annuel sur les ressources humaines de l’OMS (décembre 2011) indique que 90,5 % du personnel professionnel est constitué de spécialistes en médecine. La proportion de spécialistes en soins infirmiers est de 0,7 %2. Avec respectivement 2,6 % et 2 % de l’effectif, les diététiciens et nutritionnistes d’une part, les pharmaciens d’autre part, sont mieux représentés que les infirmières3.
• · La situation s’est détériorée depuis quarante ans. En 1968, plus de 200 infirmières travaillaient pour l’Organisation mondiale de la santé4
• · Le poste de responsable scientifique principal en soins infirmiers et obstétriques est vacant depuis mai 2010.
• · Le graphique ci-dessous atteste de la tendance s’agissant des postes d’infirmières ces dix dernières années. Si cette tendance persiste, il ne restera plus aucun poste réservé aux infirmières en 2016.
• · Le nombre d’infirmières occupant des postes stratégiques fixes au sein de l’OMS est insuffisant, compte tenu des exigences des objectifs du Millénaire pour le développement ; de la charge de plus en plus préoccupante des maladies non transmissibles ; des programmes prioritaires de l'OMS et des États ; de la réorientation sur les soins de santé primaires ; et des pénuries généralisées de personnel infirmier (en particulier dans les 57 États qui traversent une crise des ressources humaines pour la santé).
• · Nous disposons maintenant d'un solide corpus de preuves montrant que les infirmières obtiennent des résultats cliniques aussi bon ou meilleurs que ceux d’autres catégories de personnel soignant : c’est pourquoi leur engagement dans le travail politique conditionne l’optimisation des résultats de santé.
• · Les 136 États membres du CII sont extrêmement préoccupés par la diminution des effectifs d'infirmières et de sages-femmes à tous les niveaux d'activité de l'OMS – pays, régions et siège. L’absence d'expertise infirmière est évidente au niveau des postes techniques et professionnels, des organes consultatifs techniques et des commissions d’experts de l’OMS.
• · L’Assemblée mondiale de la santé (AMS), organe décisionnel suprême de

l'OMS, a reconnu à maintes reprises le rôle essentiel que jouent les infirmières dans le développement de politiques de santé de qualité et dans la mise en oeuvre d’interventions de santé efficaces. L’Assemblée aainsi adopté une série de résolutions appelant au renforcement de la force de travail infirmière et obstétricale (notamment : Renforcement des soins infirmiers et obstétricaux [résolution WHA59.27] ; Accélération de la production de personnels de santé [WHA59.23] ; Renforcement des soins infirmiers et obstétricaux [WHA54.12] ; Renforcement des soins infirmiers et obstétricaux [WHA49.1] ; Renforcement des soins infirmiers et obstétricaux à l’appui des stratégies de la santé pour tous [WHA45.5]).

• · Il faut remédier, plus que jamais, à l’absence de plus en plus marquée de la voix de la profession infirmière au sein de l’OMS.

Action des infirmières, des associations nationales d’infirmières et autres :

Les infirmières, les associations nationales d’infirmières et les organisations professionnelles peuvent :

• · Sensibiliser au problème de la diminution des effectifs d’infirmières au sein de l’OMS (au niveau national et régional et au siège).
• · Plaider pour et souligner le rôle déterminant que les infirmières jouent dans la conception de bonnes politiques de santé et dans la reconfiguration efficace et efficiente des systèmes de santé, de manière à améliorer l’efficacité des interventions de santé et l’accès par les populations.
• · Plaide pour une saine répartition des ressources et capacités de leadership au sein de l’OMS, ainsi qu’une augmentation du nombre des infirmières qualifiées engagées à tous les niveaux d’activité de l’Organisation : national, régional et siège.
• · Demander que des mesures soient prises pour que l’expertise infirmière en matière d’analyse stratégique et d’élaboration de politiques soit dûment représentée dans les organes techniques consultatifs et les commissions d’experts de l’OMS.
• · Appeler l’OMS à prendre des mesures pour renverser la tendance actuelle et améliorer la représentation des infirmières au sein de l’Organisation.

Le Conseil international des infirmières (CII) est la fédération de plus de 130 associations nationales d’infirmières, représentant plusieurs millions d’infirmières dans le monde entier. Géré par des infirmières et à l’avant-garde de la profession au niveau international, le CII oeuvre à la promotion de soins de qualité pour tous et de solides politiques de santé partout dans le monde.

Rev TG/Feb 2012