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Dépistage et prévention, du diabète : la France est-elle trop sévère pour elle-même ?

Paris, le mardi 12 juin 2012 – Fait assez rare pour être souligné : les évaluations internationales se montrent parfois plus favorables à l’action menée en France que celles conduites au niveau national. Tel est le cas de la prise en charge du diabète. En 2008, l’association Health Consumer Powerhouse (HCP) rendait publique une étude comparative sur le sujet menée dans 29 pays et plaçait la France dans le trio de tête des états offrant la meilleure approche en la matière. Les responsables de cette enquête soulignaient même que les points forts de notre pays concernaient le dépistage et la prévention. Pas si sûr, rétorque l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans un rapport publié la semaine dernière dédié à « l’évaluation de la prise en charge du diabète ». Les auteurs se montrent plutôt sévères et pointent l’inefficacité des politiques de prévention, les défauts de ciblage du dépistage, l’absence d’adaptation des soins de premier recours à la spécificité des maladies chroniques ou encore les failles de l’éducation thérapeutique.

Une prévention très présente mais pas assez efficace

Première constatation des trois inspecteurs à l’origine de ce rapport, Danièle Jourdain-Menninger, Annick Morel et le docteur Gilles Locoq : les efforts déployés par les pouvoirs publics ces dernières années pour lutter contre le surpoids et l’obésité, principaux facteurs d’augmentation du diabète, n’ont eu qu’un faible impact. Si les inspecteurs reconnaissent que de nombreux plans et programmes ont été mis en œuvre et que la France apparaît moins touchée par ces fléaux que d’autres pays comparables, ils notent pour autant que « trois éléments incitent à une vigilance accrue : l’accroissement d’un important gradient social dans le développement de l’obésité, l’augmentation de fréquence des formes les plus graves, une apparition de plus en plus précoce de l’obésité de génération en génération ». Forts de ces constations, les inspecteurs estiment que les programmes de prévention proposés ont souvent raté leur cible et regrettent que « les bons outils d’information et d’actions soient peu mutualisés ».

Un dépistage pas toujours bien coordonné

Même regard plutôt sévère à l’endroit du dépistage. Le rapport déplore ainsi son manque de cohérence, favorisée par la multiplicité des acteurs impliqués (médecins traitants, associations, centres de santé, réseaux…) et par le fait que les opérations de dépistage soient trop souvent couplées à des séances de sensibilisation autour de la maladie. A l’instar, de ce qui prévaut pour la prévention, l’IGAS estime donc que le dépistage devrait s’attacher à mieux prendre en compte l’influence des facteurs socio-économiques et culturels.

ASALEE : une belle fleur

Au-delà de la prévention et du dépistage, l’IGAS s’intéresse également aux failles de la prise en charge. Elle estime que l’organisation de nos soins de premiers recours, trop concentrée sur la réponse aux pathologies aiguës, favorise «l’échappement des patients ». Cependant, la tendance adoptée ces dernières années, en faveur par exemple du développement du paiement au forfait des médecins ou du renforcement de la coordination entre les professionnels de santé, devrait permettre de faire émerger un nouveau modèle, plus propice à une meilleure prise en charge des maladies chroniques. Aussi, encourage-t-elle les pouvoirs publics à poursuivre cette voie et à accélérer la mutation entreprise. Néanmoins, la solution ne passerait pas nécessairement par la mise en place de « réseaux de santé dédiés au diabète » dont l’IGAS note qu’ils « se sont avérés avoir une portée et une efficacité limitées, en raison notamment de leur externalisation par rapport aux médecins traitants ». Son appréciation concernant l’expérimentation ASALEE est bien plus positive. Ce système qui concerne aujourd’hui 110 000 patients, dont 8 000 sont diabétiques, suppose « la rémunération d’infirmiers libéraux ou salariés dans les cabinets médicaux par une dotation forfaitaire de l’assurance maladie, à l’instar de ce qui est développé dans d’autres pays » rappelle l’IGAS. « Suivi actif » des patients et « éducation thérapeutique » adaptée sont notamment les avantages de ce système dont le développement se heurterait cependant à la réticence des infirmiers libéraux, qui refusent cette inféodation au pouvoir médical.

SOPHIA ne fait pas l’unanimité

Des dispositifs tels qu’ASALEE permettent pourtant d’offrir des programmes d’éducation thérapeutique mieux conçus et plus efficaces, alors que pour l’heure les actions proposées, trop ponctuelles et temporaires manquent leurs objectifs. Même le célèbre programme SOPHIA, plateforme téléphonique coordonnée par des infirmières et placée sous l’égide de l’Assurance maladie, ne trouve pas grâce aux yeux de l’IGAS qui relève que les résultats disponibles à ce jour « ne permettent pas de conclure dans l’immédiat à l’aspect positif de l’expérience ». Enfin, dernières constatations et recommandations des inspecteurs : l’urgence d’assurer une meilleure accessibilité à certains professionnels (ophtamologues et podologues, notamment) et la nécessité d’engager une réflexion plus aboutie sur les problèmes de sécurité et de coûts des antidiabétiques oraux.



Aurélie Haroche

http://www.jim.fr/e-docs/00/02/05/2B/document_actu_pro.phtml



18/06/2012
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